Souvent le résultat d’un alcoolisme chronique, la maladie de la mémoire ou syndrome de Korsakoff est un trouble neurologique sévère lié à une carence en thiamine (vitamine B1). En effet, la vitamine B1 est essentielle à la transformation du glucose en énergie, particulièrement dans le cerveau. L’alcoolisme chronique à lui seul génère une diminution des capacités de mémoire en dehors des moments de consommation mais lorsqu’il entraîne une carence prolongée en thiamine, le cerveau subit des lésions non-dégénératives et irréversibles qui affectent la mémoire de la personne. Voyons ça plus en détail.
Comment reconnaître une personne atteinte du syndrome de Korsakoff?
Généralement, le syndrome de Korsakoff survient vers 50-60 ans. Il provoque une amnésie antérograde, la personne touchée oublie la plupart des informations qu’elle perçoit depuis l’apparition du syndrome. Concrètement, cela signifie qu’il est impossible pour le malade de créer de nouveaux souvenirs. La mémoire précédant l’atteinte cérébrale n’est généralement pas affectée. Ainsi, on note plusieurs changements dans le comportement de la personne atteinte, dont certains rappellent la syllogomanie (pour en savoir plus, voir https://www.syndrome-diogene.fr/syllogomanie/) :
- Incurie. L’environnement dans lequel évolue le malade se dégrade au fur et à mesure du temps car il oublie les tâches qu’il doit réaliser. Les pièces sont délaissées et saturées d’objets.
- Incohérent. Le malade est dans un flou mental, son discours est ainsi altéré et est rempli de non-sens.
- Apathie ou excitation. Une personne atteinte du syndrome donnera souvent soit l’impression d’être très passive et de ne pas se soucier des émotions, soit au contraire, d’être impulsive, irritable et désinhiber.
- Isolement social. Conséquence irrémédiable d’un trouble de la mémoire, il devient difficile d’entretenir des relations sociales autant sur le plan familial que professionnel.
- Un état dépressif.
S’adapter aux conséquences du syndrome
Le syndrome génère une confusion mentale créant tout un tas de complications chez la personne atteinte :
- Anosognosie. Ignorance totale des difficultés, la personne ne sait pas qu’elle souffre du syndrome. Cela pose problème au niveau de l’adaptation, car toute suggestion tel qu’un carnet de mémoire ne sera pas comprise.
- Trouble de la mémoire prospective. Impossible pour le malade de se souvenir de ce qu’il doit faire. Cela peut être un rendez-vous dans 2 semaines ou une tâche ménagère dans l’heure. De manière générale, il a énormément de mal à gérer une information à court terme.
- Trouble de la mémoire épisodique. Le malade ne retient plus le contexte des événements qu’il vit, ce qui peut même lui faire oublier un décès important.
- Fausses reconnaissances et confabulations. Les souvenirs disparus sont remplacés par une fausse réalité. Le malade va se retrouver devant de nouvelles personnes et penser qu’il les connaît depuis longtemps.
- Désorientation spatio-temporelle. Il devient impossible de se situer dans le temps et l’espace. Le malade est incapable de revenir sur ses pas, de rentrer chez lui, même lorsqu’il est censé connaître le trajet. Il peut confondre 8h du matin avec la nuit, et se tromper d’une dizaine d’années sur son propre âge.
Il n’y a de traitements à cette pathologie. Il faut s’adapter aux troubles. Cela se fait au niveau médical, pour limiter les manifestations secondaires du syndrome, au niveau psychologique pour l’alcoolisme, et cognitive pour bien cerner les spécificités comportementales du malade. Si vous êtes proches d’une personne atteinte par Korsakoff, il faut l’accompagner dans tous les processus, et se montrer extrêmement patient.